publiée le 07/07/2022 par
Le 7 juillet 2022,
"Bonjour à tous, Monsieur le Président je vous remercie, je m’appelle Taneyulime PILISI, de la nation Kalin’a de Guyane française, présidente de l’association AUKAE, et je présente cette déclaration conjointement avec le CSIA-Nitassinan, membre de l’Alliance européenne pour l’autodétermination des peuples autochtones.
Les femmes autochtones dans l’histoire coloniale de l’Amérique, et de part le monde en général, ont toujours été les principales victimes des violences faites aux peuples autochtones.
Les femmes autochtones de la Guyane française n’échappent malheureusement pas à la règle. Les viols et les violences subis pendant la colonisation et le bagne sont maintenant perpétrés par des orpailleurs illégaux qui profitent de l’isolement des peuples autochtones, notamment sur les parties hautes du fleuve, et l’insécurité qu’ils subissent du fait de la non proximité des autorités policières mais aussi judiciaires de l’Etat français.
Les institutions scolaires connaissent également cette même problématique, souvent éloignées, elles obligent de très jeunes femmes, parfois encore des enfants, à se scolariser en dehors de leur communauté, les obligeant à résider en famille d’accueil, qui sont parfois abusives, créant une rupture avec le cercle familial et menaçant l’équilibre de ces jeunes femmes, en augmentant un peu plus l’acculturation de ses peuples en perte de repères et de culture, dont leur langue autochtone.
Les femmes autochtones se nourrissent toujours de la chasse et la pêche, et font partie des communautés les plus pauvres du territoire, elles ingèrent très souvent des aliments et aussi de l’eau contaminés par le mercure, le plomb, ou d’autres éléments toxiques, qui sont le résultat des exploitations minières illégales mais aussi légales. Générant des malformation foetales et congénitales, ainsi que divers troubles ou maladies telles que des maladies rénales. Ces femmes autochtones ont des taux de toxines au dessus des taux réglementaires et autorisés sur le reste du territoire français. Et les projets extractivistes se succèdent, comme le projet Espérance, validé par l’Etat français, qui autorise l’utilisation du cyanure, une nouvelle violence contre nos terres et territoires ainsi que les corps de nos femmes et nos enfants.
La création d’établissements scolaires devrait pouvoir se faire au plus près des lieux de vie des peuples autochtones afin de protéger nos femmes et nos jeunes filles ainsi que tous nos enfants, des violences qui leur sont faites et leur permettre d’accéder à un ascenseur social dont jouissent peu d’entre nous.
Nous enjoignons les Etats, dont la France à mettre en place et à financer des programmes spécifiques en coordination avec les organisations de femmes autochtones représentatives.
Ma grand-mère m’a enseigné que la société Kalin’a est traditionnellement matriarcale. Il est temps que les femmes autochtones reprennent leur place dans notre société, notre peuple, afin de s’émanciper des traumatismes coloniaux qui nous ont été imposés.
Merci Monsieur le Président".